Depuis 2022, un processus de Recommandation de Bonne Pratique est engagé sur la télésanté dans la prise en charge des plaies, à l’initiative de la SFFPC Société Française en Francophone des Plaies et Cicatrisations). Ce processus rassemblant plusieurs sociétés savantes concernées par ce sujet se poursuit en 2024 avec la phase de cotation qui est en cours. Un processus collectif structurant et d'intérêt général, qui devrait s’achever en milieu d’année 2024. Cet article détaille le processus en cours et les objectifs fixés.
Contexte de la prise en charge des plaies et cicatrisations
D’un point de vue épidémiologique, environ 2, 5 Millions de patients porteurs de plaies ont été recensés en France, 0,8% de la population souffre d’ulcères de jambe, 8% des lits d’hôpitaux sont occupés par des patients présentant une escarre et environ 200 000 patients présentent des plaies liées au diabète et à la dévascularisation. Les principales plaies chroniques sont les escarres, les ulcères de jambe et les plaies du pied diabétique. Pour les trois, il s’agit de plaies à haut risque de récidive. Les plaies chroniques touchent particulièrement des patients fragiles vivant dans des milieux défavorisés et souvent précaires qui ont encore plus besoin d’adapter au mieux leur pathologie à leur mode de vie. Pour 33% des patients, le retentissement sur l’état de santé est sérieux à sévère. En outre, la prise en charge des plaies chroniques est un enjeu économique important puisque en 2011, l’Assurance Maladie estimait ce coût à près de 1 milliard d’euros uniquement pour les soins de ville.
Pourtant, le sujet des plaies chroniques est un sujet peu développé et enseigné pour la pratique médicale, ce qui conduit à une errance thérapeutique parsemée d’erreurs de diagnostic.
En 2001, la SFFPC, la Société Française de l’Escarre (association P.E.R.S.E) et l’APHP avaient été copromoteurs de la première conférence de consensus portant sur la prévention et le traitement des escarres de l’adulte et du sujet âgé, qui a ensuite été révisée en 2012 en collaboration avec la Société Française de Gériatrie et Gérontologie ainsi que la SOFMER. Plusieurs initiatives menées avec la HAS et la CNAM ont ensuite été développées ces dernières années, portant sur les recommandations de prise en charge des plaies. Un PRADO plaies avait été développé par la SFFPC, la SFD et la CNAM. En parallèle, des centres de cicatrisation ont vu le jour dans des structures hospitalières publiques ou privées depuis 2010. Ces centres peuvent proposer une prise en charge globale de toutes les plaies ou être focalisés sur un type de plaie (ulcère de jambe, escarre, plaie du pied diabétique…), avoir une activité continue ou sporadique de consultation ou/et d’hospitalisation, être formés d'experts infirmiers assurant une simple consultation ou des binômes médecin infirmier. Récemment certaines ARS ont souhaité structurer les centres de leur région avec des exigences de fonctionnement et de compétences, leur demandant également d’utiliser la télésanté dans les parcours de soins allant ainsi vers une offre de soins validée et contrôlée par les tutelles. Mais dans l’ensemble, sur le territoire, il n’y a pas de référentiel validé et opposable. Depuis 2011, l’utilisation de la télémédecine comme outil de prise en charge de patients porteurs de plaies résidant en EHPAD et à domicile avaient néanmoins été expérimentée à grande échelle lors d’appels à projet des ARS, puis pérennisée avec l’entrée dans le droit commun de la télémédecine. Plusieurs initiatives ont ensuite bénéficié de soutiens institutionnels, dont l’article 51 déposé par Cicat Occitanie,en cours d’évaluation en vue d’une généralisation.
Lancement d'un processus de Recommandation de Bonne Pratique
En 2021, les experts de la télésanté en plaies et cicatrisations, réunis sous l'égide de la SFFPC, ont exprimé le souhait de faire progresser les pratiques de télésanté dans le domaine des plaies et cicatrisations. Le challenge actuel restant la coordination des parcours de patients complexes porteurs de multiples comorbidités et présentant des plaies.
La SFFPC a donc initié ce processus d’élaboration d’une Recommandation de Bonne Pratique sur ce sujet, et un comité de pilotage rassemblant plusieurs sociétés savantes a été initié en 2022, avec l'objectif de créer un consensus sur la place de la télésanté pour apporter au bon patient le bon diagnostic et le bon soin, au bon moment, et au bon endroit, tout en mobilisant des compétences adaptées au sein d’une organisation pertinente.
Thème retenu pour ce travail collectif : "Place de la télésanté pour améliorer la pertinence des soins et des parcours en plaies et cicatrisations".
Les questions posées dans le cadre de ce travail collectif sont les suivantes :
Dans quel contexte le recours à la télésanté est-il indiqué pour la prise en charge des plaies et cicatrisations ?
A quels patients peut-on proposer une prise en charge par télésanté et pour quels types de plaies ?
Quelles sont les indications respectives et la gradation des actes de télésanté dans la prise en charge des plaies et cicatrisations ?
Quels sont les prérequis / critères de qualité permettant d’inclure efficacement de la télésanté au sein d’organisations médicales adaptées ?
Dans la phase de cadrage, un travail de recensement et d’analyse des données disponibles a été réalisé entre mars et octobre 2022. Ce travail de veille a souligné la nécessité d’encadrer ces pratiques et d’évaluer leurs bénéfices de façon plus large, plus prospective et sur un grand nombre de patients et de pathologies différentes. Il a confirmé l’intérêt de poursuivre le processus engagé vers la rédaction de bonnes pratiques qui fassent consensus.
Compte-tenu de l’ensemble des éléments collectés, le Comité de Pilotage a décidé début 2023 de retenir la méthode de Recommandation de Bonne Pratique par consensus formalisé : voir la méthodologie préconisée par la HAS. Ce processus cadré s’appuie sur un Groupe de pilotage, un Groupe de cotation et un Groupe de lecture.
Le processus de cotation en cours en ce début 2024
Le Groupe de Pilotage s'est réuni plusieurs fois au cours de l'année 2023 pour échanger sur les réponses pouvant être apportées aux questions posées ci-dessus, et préparer la phase de cotation. Celle-ci vient de débuter en ce début janvier 2024.
Le groupe de pilotage a en effet soumis au groupe de cotation un formulaire comprenant une centaine de propositions en réponse aux questions posées, et les invitant à évaluer leur pertinence, d'après leur expérience et leurs connaissances du sujet.
Les résultats de ce premier tour de vote seront analysés à la loupe, afin d'identifier les points qui font consensus, mais aussi les points sur lesquels les avis des experts divergent ou sont mitigés.
Une réunion du groupe de cotation prévue le 21 janvier prochain, avant le début des Journées Cicatrisations. Elle aura pour objectif de discuter des résultats de ce premier tour de cotation et de discuter des points qui ne remportent pas l'unanimité, avant un second tour de cotation.
Le texte des recommandations sera ensuite rédigé tenant compte des résultats de la cotation, et sera soumis à un Groupe de Lecture élargi au printemps.
La version finale des recommandations devrait être finalisée pour le milieu d'année 2024, et diffusée largement à l'automne.
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